Poésies vol. 1, nº 3, page 12 |
Portrait apocryphe (extraits)
Obscurité, noir apprentissage. L’ange de la pluie harcèle tes vertèbres; une goutte de sang brille à la naissance de ses ailes. Jacob! hurle-t-il dans l’espace, Jacob! Quel rire immonde s’écoule de tes lèvres écorchées, lorsque ses pieds aveugles viennent sceller votre complicité! Tu achèves le poème le poing dans la bouche. Le nombre d’or, l’âge d’or, silence d’or… |
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Autour de toi hurlent les gens, la planète hurle, l’histoire hurle. Inutile de poser des questions à ta carcasse broyée. Inutile de prêter attention au grincement des roues célestes ? « Guarda e pasa ! » Quelqu’un qui te ressemble porte dans ses mains la tête coupée du lendemain. |
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Le soir est tombé sur les mots, sur les crânes dégarnis des grillons a pleuré la rosée. Seules des étoiles arthritiques boitillent encore dans la boue de la nuit. Seul le cúur hurle encore à la mort sur les ruines du siècle. Scintille le doigt du Seigneur comme il touche ta poitrine, tes lèvres, ton front. |
Horia Bãdescu
Poète et prosateur roumain, docteur ès lettres,
journaliste et diplomate, H. Bãdescu est né en 1943, à
Arges en Roumanie. Publications partielles :
Le vol de l’oie sauvage, roman, 1989, à
paraître en français chez Gallimard en 2000;
Le fer des épines, poèmes ; L’arbre à
paroles, 1995.